Origine du nom : Le Grand Jehan à Liège au XIV° siècle
Les Grandjean de notre branche sont originaires de l'actuelle commune de Blegny, village de Housse, paroisse de Saint-Rémy, probablement hameau de Corinheid à la limite des anciennes communes de Saive et de Housse (rattachées à Blegny depuis les fusions de communes), mais le nom semble passablement plus ancien : au XVI° siècle à Mortier et à Saint-Rémy existe une famille appelée "GRANDJEHAN" dont un des membres est Jean Grandjehan, on n'est pas loin de "Jehan le Grand Jehan" ci-dessous !
Dans son ouvrage sur les 400 ans d'histoire de la paroisse de Stembert, l'historien local Arsène BUCHET, de son vivant président de la Société Verviétoise d'Archéologie et d'Histoire, publié en 1986, il fait état lors de la constitution de l'antique chapelle Saint Nicolas de Stembert, d'un testament du 9 août 1334 d'un limbourgeois fixé à Liège, dénommé Jehan le Grand Jehan de Limbourg.
Il est notoire que le sobriquet "Le Grand Jehan" a donné par la suite le nom de famille Grandjean dans la région liégeoise et notamment dans la région de Blegny.
Un GRANDJEAN à Julémont, forestier (officier public) de Julémont au duché de Limbourg
En 1778 une publication d'un règlement de l'impératrice Marie-Thérèse de Habsbourg-Lorraine du 29 janvier 1778 concernant la commission des charges publiques du duché de Limbourg est ordonnée en date du 26 août 1778 par le comte de Woestenraedt, seigneur de Grand-Rechain et gouverneur de la province du duché de Limbourg & pays d'Outremeuse, ainsi que par H. Henrard, mayeur de Julémont, en date du dernier (31) du mois d'août 1778, est enfin publié et affiché le 6 septembre 1778. La signature est : G. GRANDJEAN, Forestier de Julémont. D'après les généalogies visibles dans Geneanet sur Julémont il s'agit probablement de Gérard GRANDJEAN mort en 1782.
Règlement du 29 janvier 1778 de l'impératrice Marie-Thérèse publiéle 6 septembre 1778
Une famille de médecins aux XVII° et au XVIII° siècles, implantée à la cour royale de France
Bibliographie :
- Marcel FLORKIN : Médecine et Médecins au Pays de Liège, Liège Vaillant Carmanne 1954
- Site de la commune de Chapelle-Rablais rédigé par un ancien enseignant inspiré de renseignements historiques fournis par Mr Jean-Paul GLAUMAUD : https://chapellerablais.pagesperso-orange.fr/site%20archives/html_passeports/grandjean.htm
Portrait de Henri Grandjean (Université de Liège) Portrait de Guillaume Grandjean (Université de Liège)
Henri GRANDJEAN est né le 23/12/1725 à Saive, au hameau de Corinhez, seigneurie de Saive (Principauté de Liège) mais dépendant du village de Housse et de la paroisse de Saint-Rémy (Comté de Dalhem, Province de Limbourg-Outremeuse - Pays-Bas autrichiens). Il était fils de Dieudonné GRANDJEAN (1691-1752) époux d'Anne BORGUET, chirurgien bien connu dans la région au XVIII° siècle, et commença ses études avec l'abbé Neurai, mathématicien et astronome, futur curé de Stembert près de Verviers (Principauté de Liège également). Son frère Guillaume GRANDJEAN est né le 28/11/1731 à Corinhez également. Dieudonné GRANDJEAN était lui-même fils de Mathieu GRANDJEAN et de Catherine DOUTRIWE ayant vécu fin XVII° début XVIII° siècles sur le territoire de la paroisse de Saint-Rémy.
Médaille du musée Curtius à Liège
Extrait du "Dictionnaire Géographique et Statistique de la Province de Liège" de Henri del Vaux 1835
Vers l'âge de 18 ans, Henri GRANDJEAN part à Paris pour étudier la médecine. Il s'intéresse surtout à l'oculistique, la chirurgie des yeux.
En 1752 il entre comme gagnant de maîtrise sous la direction du professeur Moreau, qui remarque son habileté et se réjouit de ses progrès dans le domaine médical. Il concentre ses études sur la chirurgie des yeux et devient l'élève et l'ami du grand chirurgien-oculiste de Louis XV appelé DAVIEL qui a le premier réalisé l'opération de la cataracte par extraction du cristallin. GRANDJEAN simplifia la technique et fut le premier à extraire la membrane du cristallin sans enlever ce dernier.
Henri GRANDJEAN a fait venir à Paris son frère, Guillaume, et suit de près ses études de médecine également en le désignant comme son assistant. Les deux frères GRANDJEAN travaillent ensemble à l'Hôtel-Dieu de Paris dont ils furent les premiers oculistes en titre, et leur succès fut énorme. En 1766 Henri GRANDJEAN est répertorié parmi le personnel de la maison du Roi.
Henri fréquente la belle société parisienne, la cour de Versailles et les hôtels des grands. Il devient l'ami de La Martinière, premier chirurgien de Louis XV, qui l'assure auprès du roi de la succession du poste de DAVIEL. Henri GRANDJEAN avait atteint une telle notoriété que Voltaire le cita dans une lettre de 1771 destiné à l'archevêque d'Aix-en-Provence : "Est-ce l'oculiste Grandjean, ou moi aveugle qui me trompe ? Vous voulez me déssiller les yeux, permettez-moi de vous en remercier, et de vous assurer que j'ai les yeux fort ouverts quand il s'agit de rendre justice à votre mérite..."
En mi-juillet 1785, Henri fait un retour au pays natal et revient à Liège, il y est reçu avec enthousiasme et des aveugles viennent le supplier. Il prend le temps de réaliser les opérations et le prince-évèque Constantin de Hoensbroeck le reçoit dans son palais à Seraing avec tous les honneurs ainsi que par le collège des médecins qui lui confère le titre honorifique de Chirurgien de la Ville de Liège.
Lorsqu'il retourne à Paris, il reçoit la confirmation de sa nomination comme chirurgien et oculiste du roi Louis XVI. Il avait déjà reçu le cordon de l'Ordre de Saint-Michel en 1782. En 1786 Louis XVI dit de lui "il s'est acquis une grande réputation par des cures célèbres qu'il a opérées que le feu Roi notre très honoré seigneur et aïeul le fit appeler auprès de sa personne pour le traiter d'une inflammation à l'oeil et la satisfaction qu'il eut de ses soins le détermina à le nommer son chirurgien oculiste ; nous lui avons conservé la même place et il l'occupe également auprès nos très chers et aimés frères et soeurs ... nous sommes assuré qu'il a constamment donné des soins charitables et gratuits au soulagement des pauvres et des malheureux"
En mars 1786 Henri GRANDJEAN obtient la nationalité française et est anobli peu de temps après : Louis XVI l'appelle alors "notre cher et bien aimé Henry Grandjean de Haute Borne" : il s'agit d'un château-ferme que les deux frères GRANDJEAN acquirent à la Chapelle Rablais (actuellement commune du département de Seine-et-Marne en Ile-de-France au sud-est de Paris), le domaine des Moulineaux, comme seconde résidence, et les terres de la Haute Borne érigées en seigneurie foncière rurale non-habitée et non-bâtie, permettant uniquement de justifier un titre de noblesse.
Information tirée du site historique de la commune de Chapelle-Rablais en Seine-et-Marne : https://chapellerablais.pagesperso-orange.fr/site%20archives/html_passeports/grandjean.htm
Les deux frères Henri et Guillaume GRANDJEAN ont opéré un nombre considérable de cataractes et rendirent la vue à plus de cent aveugles nés. Guillaume GRANDJEAN est décédé en 1796 et Henri GRANDJEAN a continué son service d'oculistique. Il est décédé en 1812 âgé de 78 ans.
Article sur les frères Grandjean sur le site de la Maison Médicale Humilis (photos de l'exposition réalisée à la maison médicale)
En 2019, la Maison Médicale Humilis à Liège-Fétinne a organisé une petite exposition d'anciens livres de médecine à travers les âges. Des informations intéressantes y figuraient sur les frères Grandjean : https://www.mmhumilis.be/pages/les-actions.html