Généalogies de Bamena dans le Binam - Ouest Cameroun

Chefferie et village de Bamena, cadre ancestral d'une grande famille bamiléké

Ndop bandelette decorative horizontaleBamena vue monts batchingou

BAMENA est un village du Cameroun dans la Région de l'Ouest (nom officieux traditionnel = Binam "Ouest" étymologie PI = éteindre, couper et NAM = Soleil) situé dans le département du Ndé (NDE = Noblesse Dignité Elégance) sur la route de Bagangté vers Bafang, à distance d'environ 263 km de Yaoundé (capitale politique et administrative du Cameroun), de 236 km de Douala (capitale économique et portuaire du Cameroun) et de 47,5 km de Bafoussam (capitale régionale de l'Ouest-Cameroun)

Voici ci-dessus une vue panoramique depuis Bamena (hameau de Louh) en direction de la chaîne de montagnes du mont Batchingou (le plus haut : 2.097 m d'altitude)

Voici quelques vidéos Youtube reportages sur Bamena : cliquez sur le petit logo de la chèvre de l'Association "Bamena Ndé Bamiléké Cameroun" :

Survol aérien de Bamena : Ngong menoh bamena logo chevre    Architecture Bamiléké : Ngong menoh bamena logo chevre     Culture Bamiléké : Ngong menoh bamena logo chevre

Voici un site qui illustre la vue panoramique de ce qu'on peut voir à partir du sommet du mont Batchingou : on peut faire le tour de toutes les montagnes avoisinantes et même Pouo'Loum à 1.630 m d'altitude parmi les points signalés ; même le mont Cameroun est visible de là-bas : https://peakvisor.com/peak/mont-batchingou.html?yaw=-158.39&pitch=-7.06&hfov=60.00

Bamena, en langue locale "Lah Mènoh", est une chefferie et un village du département du Ndé dans la région Ouest du Cameroun, région Bamiléké ou Binam, "Pi-Nam" signifiant dans la plupart des langues bamilékées "coucher du soleil" donc "Ouest".

Voir le lien avec Wikipédia concernant le village de Bamena : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bamena

Voici  reportage culturel très intéressant, l'interview du chef Bamena : Chef bamena portrait expliquant la culture, les rites et traditions locales sur Youtube : 

Ndop bandelette decorative horizontale

EMBLEMES et COULEURS de BAMENA :

Bamena chevre sur la place  Chevre de bamena Bamena place de la chevre

L'emblème de Baména est la chèvre. La première photo est celle de la statue de la chèvre sur la place principale de Bamena (à droite) ; au centre, la chèvre a servi de repas à un deuil... D'ailleurs la plupart des préparations culinaires y sont faite avec la viande de chèvre, notamment le Kondrè, sorte de potée de bananes et de chèvre avec une sauce riche en huile rouge de palme.

Le vêtement et tissu emblème du village, tout comme celui de tous les villages de l'Ouest, est le NDOP, étoffe bleue aux motifs géométriques blancs, traditionnelle et largement utilisée dans la culture des Bamilékés et des Bamouns. Voici une vidéo explcative de la signification du Ndop : https://www.youtube.com/watch?v=UH2vTUBHFtY&list=PLQsqV0BBhfwZEJVq6cYIS7m3nut7wECho

Voici ci-dessous un tapis NDOP traditionnel, une tunique "boubou ndop" et un tabouret aux motifs rappelant le Ndop, photographié dans une ancienne maison à Bamena :

Ndop tapis 1 Ndop tunique boubou  Bamena un tabouret traditionnel dans une case

 

Bamena chefferie

Institutions traditionnelles de Bamena : 

La chefferie se compose à Bamena, d'une chefferie principale et six "chefferies de quartier", soit une pour chaque village de l'entité territoriale de la chefferie :

- le Chef supérieur (ou "Roi") appelé "Feùh" (dans les autres villages bamilékés on dit "Mfeu, Feu, Mfo, Foa, Fon" ou "Mfon" selon les variantes dialectales - à comparer avec les langues bantoues jusqu'au Swahili Comorien où le mot Roi se dit "Fani") est le "souverain" de la chefferie, comparable aux ducs, comtes et barons d'ancien régime chez nous.

La chefferie est, au yeux de la loi camerounaise, une chefferie du 2° degré, puisque le législateur camerounais a décidé pour seconder des municipalités locales assez peu organisées, de considérer les chefferies commes "auxiliaires de l'Administration". C'est un peu comme si en Belgique on avait intégré les seigneuries d'ancien régime dans la législation actuelle, ce que nous n'avons pas fait sauf au niveau national ou fédéral : la monarchie constitutionnelle belge est en fait, la "grande chefferie de Laeken".

Le Chef actuel s'appelle Alexandre Joukwé. Les chefs successifs de la dynastie du XX° siècle sont Ngongang II (19??-1939), Wandji IV Ngongang (1939-1968) et Jacques Nietcho (1968-1997) ayant précédé le chef actuel, toutefois on peut consulter l'ancienne dynastie de Bamena sur les deux sites suivants, avec des divergences sur l'ordre et les noms de la dynastie, les dates s'étalant depuis le XVIII° siècle n'étant pas connues avec précision : Association des Bamenas d'Europe ABE : http://www.bamena.fr/histoire-de-bamena.html  et page Bamena sur Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bamena

Bamena genealogie de la chefferie Chef bamena portrait Siege de la chefferie soungang avec zacheu et zawang 

La dynastie figure sur un tableau à l'entrée de la chefferie, devant le "parlement" (salle du Conseil des Neuf) de Bamena, et elle ne semble pas complète (1) car de plus anciens chefs ont existé à Bamena. D'après le témoignage d'un enfant de la Chefferie, il existait plusieurs anciens chefs dénommés Zawang (chef "de facto" des 5 clans Bamena), son frère Soungang père de Tchaptchop, lui-même père de Ouandmegni premier cité sur le tableau ci-dessus. A l'intérieur de la grande salle se trouve un portait du chef actuel Alexandre Joukwé.

(1) La chefferie Bamena comporte 16 générations de chefs depuis les premiers notables chasseurs installés sur le territoire de Bamena au XVIII° siècle. Mais on compte onze générations à partir du chef TCHAPTCHOP et la reine KOUAMNWOU, simplement parce que c'est avec ce couple que Bamena s'est reconstruit après la guerre intervillages pour conquérir les limites de terres et le peuple Bamena de l'époque ancienne fut exterminé avec la mort de plusieurs fondateurs puis la vente du plus robuste et de sa famille aux Blancs comme esclaves. Tchaptchop et Kouamnwou ayant échappé à la vente d'esclaves, sont allés se réfugier dans un petit village appelé Baloumgou, d'où les liens de fraternité furent créés et ce peuple, par la voix de leur chef, aidera le couple royal à reconstituer leur territoire et à le repeupler. C'est pour cela que certains considèrent que la refondation TCHAPTCHOP & KOUAMNWOU du village est le point de départ de la dynastie, qui est en réalité plus ancienne.

Voici une interprétation des personnages sculptés sur ce siège de la Chefferie : Le chef supérieur Soungang au XVIII° siècle, qui a gagné le concours de Zawang avec sa chèvre volée, est probablement représenté sur ce siège accompagné de ses deux compagnons Zacheu et Zawang, restés à Bamena pour le seconder. Sous le siège sont sculptés des chèvres et des félins (léopards, panthères).

- le Conseil des Neuf Notables ("Kepvueuh" assemblée, sorte de Sénat +/- héréditaire comprenant en fait bien plus que neuf membres puisqu'ils sont actuellement plusieurs centaines reprenant les descendants légitimes successifs des anciens notables fondateurs du village) est le "Parlement" de la chefferie. Ce "Sénat" a le pouvoir exceptionnel de destituer le chef en place en cas de problème grave, et de désigner un nouveau chef. On peut en quelque-sorte dire par analogie avec la constitution américaine que c'est une sorte de "procédure d'impeachment" très exceptionnelle, un peu comme celle que le président Nixon a failli subir suite à ses mensonges sous serment lors de l'affaire du Watergate.

Salle du conseil des ix a bamena

Salle du Conseil des IX ou "Kepvueuh" sur la grande place de la Chefferie ; on distigue au fond (centre) le portrait du Chef supérieur Alexandre Joukwé (ci-dessus)

- le Conseil des Sept Notables "Kepsamba" est l'exécutif de la chefferie, sorte de "conseil exécutif" accompagnant le chef dans le gouvernement local. Ce "gouvernement" comprend les six chefs de quartiers plus un chef de quartier du ressort de Bagangté dont l'appartenance territoriale à Bamena est contestée par la chefferie voisine. Leur rôle correspond plus ou moins aux "bourgmestres et régents" ou "régleurs" sous l'ancien régime chez nous. Cette institution avait pris place sous l'ancien régime dès que les échevins avaient perdu leurs attributions administratives fin du moyen-âge pour assumer leur seul rôle judiciaire.

- les chefs de quartiers (au nombre de six), également appelés "feùh" sont administrateurs et officiers de police chacun dans son village, et sont héréditaires. Ils sont en quelque sorte "les yeux et les oreilles du chef" dans les villages éloignés. Leur rôle (mais pas leur mode d'élection) fait penser aux "forestiers" sous l'ancien régime chez nous, avec en plus, collectivement, un rôle de "gouvernement" de la chefferie (voir conseil des Sept).

Bamena chefferie portes interieures

Portes intérieures en bois sculpté de la grande salle du Conseil des Neuf, ainsi que du secrétariat du Chef supérieur

- le Tribunal Coutumier est le pouvoir judiciaire (uniquement en matière de biens fonciers, de successions et de litiges de voisinage, sous réserve d'appel aux tribunaux réguliers). Il est exercé par une chambre à 3 juges : le Chef, conjointement avec un juge-président et un juge-censeur. Le Chef est juge de droit, il désigne le président et le censeur qui siègent avec lui. Cela a pu poser des problèmes dans la mesure où le droit coutumier est généralement assez différent du droit civil de la loi camerounaise plus proche des principes napoléoniens du droit français. La coutume de la chefferie ne peut donc être prononcée valablement qu'en cas d'accord des parties sur ce droit coutumier ou de silence de la loi sur le sujet concerné et jamais en contradiction avec la Loi. Le rôle de cette justice ressemble un peu au "tribunal des Echevins" dans les seigneuries foncières de l'ancien régime chez nous, cependant c'est une chambre à trois juges, un peu comme pour la justice de référé ou la justice du travail en Belgique.

Bamena masque elephant soc kougan   Kamerun drapeau propose 1915

La société Kougang utilise fréquemment un masque éléphant qui est représenté à sur les murs de la Chefferie Bamena, ainsi que dans un linteau en bois de la porte gauche du portique principal ; la danse Kougang est représentée sur une gravure ci-dessous, cela fait un peu penser à certaines traditions ésothériques européennes comme dans le film "le Maître de Musique". D'ailleurs l'éléphant est progressivement devenu l'emblème du Kamerun allemand, voici ci-dessus à droite un projet allemand de drapeau pour le Kamerun datant de 1914, début de la seconde guerre mondiale.

Kougang danse  Le maitre de musique jose van dam

- Beaucoup d'autres institutions ou structures, appelées généralement "sociétés secrètes" en raison de la confidentialité et du huis-clos qui y est de rigueur, existent pour remplir les différentes fonctions politiques, sociales et religieuses dans la chefferie. Je cite par exemple :

1. la société secrete des Maedjong, chargée du maintien de l'ordre dans le village et de sa défense contre les menaces internes ou externes : c'st une sorte de milice ou de police, garde bourgeoise de la chefferie. Ils exécutent une danse sacrée vêtu de tenues complexes et variées, comprenant des crânes de singes, des coquilles d'escargots et autres grelots...

2. on peut aussi citer les Kougang chargés d'exécuter la danse sacrée qui à l'origine se fait à huis clos car cette danse est "secrète" puisque c'est une activité à caractère "magique", une action collective de sauvegarde pour le village. Le président de la société Kougang s'appelle Takou. Leur fonction est également celle de sorciers et guérisseurs : cela suppose de bonnes connaissances du pouvoir médicinal des plantes, ainsi que des forces de la nature, réelles ou occultes.

Bamena chefferie grand portique

L'entrée de la chefferie a été complètement recouverte de peintures artistiques, réalisées par l'artiste Prince Elie Ange : https://e-patrimoinesafricains.org/patrimoinesafricains/peinture-sur-mur-chefferie-bamena-rdc-4/

Voici quelques photos prises sur place durant le mois d'août 2024 pendant le Congrès international des Bamenas, mises en pèle-mèle :

Chefferie bamena pele mele

Le mégalithisme en pays Bamiléké : les deux menhirs de Bamena

Il est difficile de dire l'âge exact des menhirs (du Breton "maen" = pierre et "hir" = long) dressés devant le portail principal de la chefferie Bamena côté gauche : contrairement à ce qui est écrit sur la photo pèle-mèle ci-dessus la hauteur du plus grand menhir est de 2 m 20 et celle du petit de 1 m 00. J'ai surévalué à l'oeil car ils sont plantés au sommet d'un talus, et le plus grand des deux est légèrement incurvé de profil, et taillé en pointe biface vu de l'avant. Ils devraient dater des débuts de la chefferie, soit probablement au milieu du XVIII° siècle, à moins qu'ils ne soient baucoup plus anciens, car dans l'Ouest-Cameroun et le Nord-Ouest, les plus anciens remonteraient au moyen-âge, et les plus grands peuvent dépasser 5 à 10 m de haut, n'ayant rien à envier à ceux de Carnac en Bretagne.

Bamena megalithes devant entree chefferie

Voici un travail très élaboré, réalisé par Jean-Paul NOTUE de l'Université de Yaoundé sur le site Afrique-Archéologie-Arts : LE MEGALITHISME AU GRASSLAND (CAMEROUN OCCIDENTAL) - Etat des Connaissances - Nouvelles Découvertes et Perspectives : https://journals.openedition.org/aaa/843

Il reprend un dessin d'Olivier Timma de 2008 réalisé à partir d’un cliché Fichier Iconographique National de l’Art et l’Artisanat du Cameroun, Mégaptché. Voilà l'intégralité du travail de Jean-Paul NOTUE en dossier PDF : Le megalithisme au grassland cameroun occidentalLe megalithisme au grassland cameroun occidental (5.89 Mo)

Bamena megalithes grand et petit Megalithes de bamena Bamena 2 megalithes profil detail

Photo des menhirs de face ; dessin de 1982 réalisé par Olivier Timma publi par Jean-Paul Notué ; photo de profil où on voit bien la courbure du grand menhir.

La légende de la fondation de BAMENA, les premiers notables à l'origine des chefferies de quartier et le vol de la chèvre :

La fondation du village de Bamena démarre sur l'implantation de chasseurs, un concours de chasse pour départager le futur chef, et non pas un mais ... deux vols de chèvres !  Eh oui, nous avons mené l'enquête auprès de Jojo, un des enfants de la chefferie, qui nous a raconté tout le déroulement des faits. Tout commence dans le cadre forestier et rural de Bamena, dans une forêt remplie de gibier, malheureusement cette année-là il y a eu une pénurie de nourriture...

Bamena dans la brume

Bamena sous la brume en pleine nature, dans la campagne du quartier de Louh

0. l'ancêtre WAMI : A l'origine au XVIII° siècle, le site de Bamena est un endroit inhabité ou peu habité, forestier et bien pourvus en gibiers de toutes sortes. Cela explique l'étymologie probable de Bamena (Ba- étant un préfixe rajouté par les Français), Lah Ménoh signifie "domaine giboyeux". Dans son intervieuw dont le lien figure ci-dessus, le Chef supérieur signale que l'ancêtre et premier arrivant à Lah Ménoh était un certain WAMI avec ses frères et puis les familles entières, lesquelles venaient de Baleng, Balengou, Baloum et Bangou ; Les notables et chefs de famille qui ensuite se sont installés sur les lieux, et sont probablement à l'origine de plusieurs chefferies de quartiers, étaient au nombre de cinq : dans l'ordre de préséance et d'ancienneté probablement, ou d'aînesse dans la mesure où l'enfant de la chefferie qui nous a informé pense qu'ils étaient des frères :

1. ZAWANG : c'est le premier "chef supérieur" mais "primus inter pares" : il commandait tout le monde même si les autres notables étaient ses égaux. C'est lui qui a mis en place la "procédure" de concours de chasse au gibier pour désigner un nouveau chef pour lui succéder, qui donna lieu ensuite au premier vol de chèvre. Il est vraisemblable que Zawang soit à l'origine de la chefferie de quartier de Langweuh.

2. SOUNGANG : c'est le "vainqueur" du concours de chasse au gibier organisé par Zawang, destiné à promouvoir un nouveau chef mais aussi à nourrir le village suite à une disette. Le vainqueur eut l'idée, pendant que ses concurrents étaient partis à la chasse, de ramener une chèvre qu'il avait volé à Batcha à des bergers nordistes qui y faisaient paître leurs troupeaux mais sans grande surveillance malheureusement. Après sa victoire contestée par les autres, mais acceptée par Zawang suite à une défaillance dans le règlement du concours, il n'avait pas été précisé s'il fallait de la viande de brousse ou de la viande d'élevage, et comme Zawang et les siens avaient déjà mangé, Soungang fut donc intronisé chef successeur de Zawang. Tous les autres repartirent à Baleng ou ailleurs pour d'autres aventures ou fonder d'autres chefferies, sauf Zacheu (chef de Pozou) et Zawang (chef de Langweuh) qui restèrent à Bamena avec Soungang.

Maison traditionnelle a bamena

Maison traditionnelle Bamiléké, entourée d'un bocage de bananiers et d'un potager de haricots, d'arachides et autres plantes comestibles.

3. NZO'OH : il y a peu d'information sur ce notable, il s'agit probablement de celui qui est à l'origine de la chefferie de quartier de Louh, car il est dit qu'un guerrier revenu de Baleng ayant transité par Bangoulap, s'est installé à Bamena, il était peut-être descendant de Nzo'oh et s'appelait Nzo'oh-Kenou et avait, avec son sens de la stratégie, encouragé et aidé un chef ultérieur Ouandmegni à lutter contre des Blancs non-identifiés (s'agissait-il de portugais en cette fin du XVIII° siècle ?) et même à les chasser de Bamena. Zo'oh-Kenou ou Nzo'oh-Kenou a eu une fille appelée NGO'SO (nom signifiant "début de l'histoire") qui est devenue ensuite la reine Mefeuh PAYO commandante des guerriers. Le ndap "Ngo'so" est depuis lors devenu un ndap important pour les filles originaires de Louh, et elles sont nombreuses.

4. ZAFENG : c'est l'ancêtre des familles SANGOUKO à la 2ème génération, NGOUNYAP, TCHOUNANG (SaTcheunang), NDINANG et NGANWA aux générations suivantes successives. Voir les arbres généalogiques ci-dessous où se trouve mentionné comme ancêtre de ces familles "Mekep Zafeng" !

5. ZOUSSOUGANG (NZO'OH SOUNGANG) : il y a peu d'informations sur ce notable qui a pu se confondre avec le n°3 et qui peut également être celui qui est à l'origine de la chefferie de quartier de Louh, car il est dit qu'un guerrier revenu de Baleng ayant transité par Bangoulap, s'est installé à Bamena, il était peut-être descendant de Nzo'o et s'appelait Nzo'oh-Kenou et avait, avec son sens de la stratégie, encouragé et aidé un chef ultérieur Ouandmegni à lutter contre les Blancs comme il est précisé ci-avant pour le notable n°3. Peut-être s'agissait-il d'un membre des mêmes familles que Nzo'oh et Soungang cités en 2 et 3, famille(s) qui gouvernai(en)t plusieurs chefferies de quartier ?

Les chefs probables des premiers temps au XVIII° et début XIX° siècles, et leurs descendants bien connus jusqu'à maintenant :

1. ZAWANG : Un des notables chefs de famille venu de Baleng, dont le roi était lui-même issu de père Bamoun, devenu commandant "primus inter pares" cède ensuite son pouvoir à Soungang.

2. SOUNGANG : Il est arrivé au pouvoir après le vol de chèvre, avec le soutien de Zacheu et de Zawang qui sont restés à Bamena. Son oncle Nzachi est venu de Baleng (d'où la famille était originaire) car il fallait un nouveau roi à Baleng, leur frère, chef de Baleng, étant mourant.

Siege de la chefferie soungang avec zacheu et zawang  Tchaptchop statue de meme type  Tchaptchop statue de guerrier bafoussam

Siège de la chefferie à gauche : sur le dossier on voit, d'après notre interprétation, Feùh Soungang le "voleur de chèvre", son adjoint Feùh Zacheu et son prédécesseur et adjoint Feùh Zawang. Au centre : statuette de type "Tchaptchop" représentant un ancêtre royal provenant d'une chefferie non-identifiée de l'Ouest, vendue aux enchères par le site Art Africa, et à droite : une autre statuette royale de type "Tchaptchop" provenant de Bafoussam, vendue par la Galerie Drouot.

3. TCHAPTCHOP : Le fils de Soungang s'appelait bien Tchaptchop, ayant épousé KWAMNWOU, reine originaire de Bangoulap. Son nom n'est pas comme le signalent plusieurs sites Bamena, un simple surnom de la statuette le représentant, mais bien, comme nous l'a signalé Jojo, l'enfant de la chefferie qui nous a informé, son véritable nom de chef supérieur, Feùh Tchaptchop ! Certains considèrent TCHAPTCHOP & KWAMNWOU comme les refondateurs du village Bamena suite à une guerre intervillage et à la traite négrière car si la chefferie Bamena comporte 16 générations de chefs depuis les premiers notables chasseurs installés sur le territoire de Bamena au XVIII° siècle, on compte onze générations à partir du chef TCHAPTCHOP et la reine KOUAMNWOU, simplement parce que c'est avec ce couple que Bamena s'est reconstruit après la guerre intervillages pour conquérir les limites de terres et le peuple Bamena de l'époque ancienne fut exterminé avec la mort de plusieurs fondateurs puis la vente du plus robuste et de sa famille aux Blancs comme esclaves.

Tchaptchop et Kouamnwou ayant échappé à la vente d'esclaves, sont allés se réfugier dans un petit village appelé Baloumgou, d'où les liens de fraternité furent créés et ce peuple, par la voix de leur chef, aidera le couple royal à reconstituer leur territoire et à le repeupler. C'est pour cela que certains considèrent que la refondation TCHAPTCHOP & KOUAMNWOU du village est le point de départ de la dynastie, qui est en réalité plus ancienne.

4. OUANDMEGNI : Fils de Tchaptchop, frère jumeau du fondateur de Bazou et frère cadet du fondateur de Bangoulap. Il aurait épousé la reine BOUBIHI. Pour pouvoir être intronisé chef supérieur, il a commis un vol de chèvre, comme son grand-père, et a subi la sanction de l'amputation d'un doigt pour ce second vol de chèvre de l'histoire de Bamena !

Bamena tete de chevre et double cloche Bamena lion domine le village Jojo enfant de la chefferie

La chèvre volée, la double cloche et le lion symbolisent le pouvoir de la Chefferie & devant l'ancienne concession familiale Ma'ah-Kwangwa : Jojo, mémoire de la Chefferie

C'est sous son règne que vint s'installer à Bamena (Louh) le grand guerrier ZO'OH-KENOU qui a aidé par ses connaissances stratégiques, les Bamenas à lutter contre les premiers Blancs (Portugais, Allemands déjà ?) : il était l'instructeur des guerriers Ma'nchous (combattants de première ligne) et Gna'nchous (officiers chargés de la stratégie, qui géraient la guerre depuis les lignes arrières du front). On pourrait alors dire que "Le Gna'nchou se battait donc jusqu'au dernier Ma'nchou" pour paraphraser les va-t-en-guerre planqués qui envoient les pauvres soldats en première ligne dans certaines guerres que je ne citerai pas !

Au décès du chef Ouandmegni (lequel n'avait plus que neuf doigts comme dit plus haut, y a-t-il un lien avec les neuf notables ?), le notable NZACHI venu de Baleng, convoque tous les notables, enfants de la chefferie, et leur propose une élection pour désigner le successeur : c'est à ce moment que le Conseil des Neuf ou KEPVUEUH se met en place définitivement à Bamena et transforme de fait la monarchie Bamena en une monarchie tempérée pour ne pas dire parlementaire, en tout cas c'en est fini de la monarchie absolue : il y a maintenant un contre-pouvoir solidement établi qui fera dire des chefferies bamilékées qu'elles sont des "démocraties médiévales", un peu comme à la même époque l'Angleterre (Habeas Corpus Act 1679), la Scandinavie (monarchies parlementaires depuis le moyen-âge), la Suisse (démocratie directe cantonale dès le XIV°s), le Mali (charte du Mandé 1222 et de Kouroukan Fuga 1236) sans oublier la Principauté de Liège (Paix de Fexhe 1316, charte signée par les représentants du clergé, des nobles et du peuple avec le prince-évèque établissant des assemblées ecclésiastique (chapitre), noble et bourgeoise (Etat-Thiers), ainsi qu'une cour constitutionnelle dite tribunal des XXII, étant des contre-pouvoirs efficaces contre les risques d'abus du pouvoir princier).

Bamena un tabouret traditionnel dans une case Dschang tabourets initiation

Tabourets rituels d'initiation à Bamena et à Dschang : chaque notable ou initié conserve son tabouret d'initiation personnel à domicile.

5. OUANDJI I° : Ce nouveau souverain sera le premier à fonctionner avec le Conseil des IX ou Kepvueuh, signant la fin de la monarchie absolue et l'émergence d'une assemblée représentant les descendants des fondateurs de Bamena. Ce chef signalé par Jojo, un enfant de la chefferie (1) n'est pas signalé sur le tableau qui se trouve devant la salle du Conseil des Neuf à la Chefferie, car il semble confondu avec le n°4 son père. Ce fait étant assez ancien, je n'ai pas la solution à cette contradiction dans les données : s'agit-il de deux personnes père et fils, ou bien du même personnage ?

(1) Si des enfants de la chefferie, ou des notables bamenas, ou des personnes bien informées peuvent m'éclairer à ce sujet, je les remercie d'avance ! Il y a un formulaire en ligne permettant d'écrire en bas de l'article.

6. KOUAGOUNG : Ce souverain a épousé la reine BLINGOUNG.

7. MEUFEU : Ce souverain, qui avait épousé la reine TCHOUTCHIE, était albinos.

8. NGONGANG I° : Il a épousé la reine NOUNDO.

9. OUANDJI II dit OUANMEPO : Il a épousé la reine MEFEUPOKEP.

10. KOMBOU : Il a épousé la reine OUANKOU.

11. OUANDJI III dit OUANGUEP : Il a épousé la reine KOUASSEU.

12. TOUKEP : Il a épousé la reine DJANGA ; son nom est équivalent au nom "Toukam" chez lez Bafoussam (comme le savant et linguiste Dieudonné Toukam de l'université de Yaoundé ayant travaillé sur les langues bamilékées et particulièrement le Bafoussam).

13. NGONGANG II dit NGOPAYONG (18??-1939) : Il a épousé la reine PAYONG d'où probablement son surnom. C'est ce Roi qui a dû faire face, informé par son confrère le Roi de Bagangté, de l'arrivée des Allemands dans les Monts Bamilékés probablement entre 1895 et 1900. En 1903 suite à la pénétration d'une colonne d'Allemands, le courageux chef supérieur a décidé de ne pas se laisser faire et la guerre est déclarée. Beaucoup de guerriers bamenas sont tués dans cette guerre inégale mais les Bamenas considèrent cette première bataille comme une victoire, car l'un des guerriers réussit à s'emparer du "chapeau du chef des Blancs" ! Ce n'est probablement pas un "casque à pointe" comme nos grands-parents belges en ont tant vu lors de l'invasion allemande de 1914-1918, mais un casque colonial allemand, conservé comme trophée !

Casque colonial allemand avec aigle imperial prussien  Kamerun colonie allemande carte  Kamerun drapeau colonial allemand

J'ignore si le "chapeau" ou casque en question est toujours en possession de la chefferie ? En tout cas voici la photo d'un casque colonial allemand, en vente sur un site en ligne, avec l'aigle impérial prussien imprimé en cuivre, avec la devise MIT GOTT FUR KOENIG UND VATERLAND ou en gothique Mit gott fur konig und waterland et c'est ensuite que les Allemands reviennent peu après conquérir le village ; Bamena perd son indépendance et est intégrée au Kamerun, colonie allemande, jusqu'en 1919 !

Ensuite, le Chef supérieur  Ngongang II a vécu le transfert de pouvoir entre l'Allemagne et la France puissance mandataire, en 1919 puis a régné 20 ans sous la tutelle française. Il décède la même année que le déclenchement de la 2ème guerre mondiale.

14. OUANDJI IV dit OUANDJI NGONGANG (1939-1968) : Grand-père du chef actuel, a épousé la reine KOANDIO. Contrairement à son prédécesseur qui était quelque peu belliqueux, ce roi a plutôt essayé de calmer les choses et d'éviter un risque de grignotement du territoire par les chefferies voisines. Il a vécu pendant son règne l'essentiel du mandat / de la colonisation français(e) du Cameroun.

15. NIETCHO Jacques (1968-1995) : Père du chef actuel, a épousé la reine TCHAKOUNDIEU. Il fut l'initiateur du développement économique, notamment les premières routes goudronnées, et de l'enseignement, par la fondation d'écoles de l'entité de Bamena.

Bamena politique enseignement

16. NJOUKWE Alexandre (1995-) : Chef supérieur actuellement sur le trône, il continue le développement économique, social et culturel de Bamena par diverses initiatives de la chefferie et d'autres soutenues par la diaspora. Ainsi par exemple le prix des Nations Unies de 2014 pour le démarrage du projet d'alimentation en eau potable de la population. Son action en matière culturelle a abouti à la création du Congrès International Bamena qui a lieu chaque année au mois d'août.

Chef bamena portrait Chef superieur et chef bamena de yaounde Bamena chef superieur aux nations unies 

A gauche, portrait du Chef supérieur dans la salle du "parlement" de la chefferie. Au centre : le Chef supérieur Bamena en présence du Chef Bamena de Yaoundé papa Jean-Paul qui est également président des chefs Bamenas au niveau mondial. A droite, Prix des Nations Unies pour le service public remis à sa Majesté Joukwé Alexandre par Ban Kim Moon, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies le 23 juin 2014 à Séoul en Corée du Sud. Ce prix récompense le village Bamena pour sa mise en place de la distribution de l'eau potable, et sa gestion administrative et financière par les habitants et pour les habitants. Source : site ABE Association Bamena d'Europe http://www.bamena.fr/

Les chefferies de quartier de BAMENA :

Voici les deux cartes connues pour départager les territoires des chefferies de quartier à Bamena, je les publies toutes les deux car il existe quelques divergences :

Bamena chefferies de quartier wikipedia Bamena chefferies de quartier famille bamena belgique

Il existe actuellement six chefferies de quartier, gouvernées chacune par un chef de quartier héréditaire. En effet contrairement aux forestiers sous l'Ancien Régime en principauté de Liège et au duché de Limbourg en Belgique ancienne qui étaient des officiers de police fonctionnaires nommés par le seigneur hautain (équivalent de chef supérieur), les chefs de quartier préexistaient à la chefferie supérieure, sont plus anciens, par conséquent ont leurs propres dynasties qui fonctionnent comme des chefferies en miniature. Voici les six chefferies de quartier, ainsi qu'en vert une chefferie dont le territoire est contesté entre Bamena et Bagangté mais qui a le droit d'avoir un siège au Conseil de Sept ou "Kepsamba", gouvernement de la chefferie supérieure Bamena.

1. NTAP : Chef fondateur = Feuh Nzeuh ou Feuh Ntap (incertain)

2. LAHNGWEUH : Chef fondateur = Zawang

3. LOUH : Chef fondateur = Zo'oh-Kenou ou Nzo'oh-Kenou

4. FOPLOUH anciennement N'GNOU : Ce quartier comprend FOPLOUH : Chef fondateur = Feuh Ngepah

5. POUZOUH : Ce quartier comprend TOUBIEH : Chef fondateur = Mekep Zacheu

6. MBANGWEUH : Ce quartier comprend TOUHLAH : Chef fondateur = Feuh Tschieh

7. FEUHTAP : Quartier limitrophe contesté par la chefferie de Bagangté, situé dans le fond de la vallée entre Louh et Balengou, fondé par Feuh Ntap également (?)

Remarque : il n'est pas dit si le notable ZAFENG ou Mekep ZAFENG est à l'origine d'une chefferie de quartier, nous n'avons aucune information à ce sujet.

Bamena chefferie entree gauche Bamena chefferie entree centrale Bamena chefferie entree droite

PORTIQUE PRINCIPAL : Les peintures et les boiseries des trois portes principales de l'entrée monumentale de la Chefferie.

Case au tambour tronc d arbre Bamena portes au crocodile et au serpent 1

PORTIQUE PRINCIPAL : Case avec le tambour, instrument de musique sculpté dans un tronc d'arbre, et portes au Crocodile et au Serpent à l'arrière du portique.

La Langue BAMENA ou "GHO-MENOH" : 

La langue Bamena, dialecte bamiléké improprement appelée "patois" par les colons français (terme dévalorisant, repris par les villageois pour définir leur langue, ce qui est regrettable) s'appelle en Bamena : "Gho-Mènoh"

Elle est un dialecte du groupe des langues des Grassfields qui comprennent essentiellement toutes les langues et dialectes bamilékés de l'Ouest, du Sud-Ouest (région de Fontem) et du Nord-Ouest (région de Bamenda) ainsi que la langue Bamoun très apparentée aux parlers bamilékés (spécialement au Bagangté-Médùmba), ainsi que quelques langues nigérianes comme le Tiv et l'Ekoï, et les langues des Tikars et de Cross-River qui y sont apparentées de plus loin.

Le groupe linguistique se nommait dans le passé "semi-bantou" à cause de certaines analogies lexicales et grammaticales avec les langues bantoues, groupe très homogène de langues toutes apparentées dont l'ancêtre, le Bantou commun (il y a deux mille trois cents ans), était une langue soeur du Bamiléké-Bamoun et du Tikar commun, qui aurait divergé il y a probablement plus de quatre mille ans. Depuis lors le terme "grassfields" est privilégié pour définir le groupe linguistique Bamiléké-Bamoun-Bamenda... car le terme "semi-bantou" est inapproprié : comment peut-on être défini comme étant à moitié quelque-chose ? C'est comme si l'on qualifiait l'Allemand, le Néerlandais et les langues scandinaves comme langues "semi-anglaises" parce qu'elles ont un apparentement germanique d'origine avec l'Anglais !

On voit sur la carte ci-dessous reprenant le Bénin, le Nigéria et le Cameroun, que le groupe Grassland en orange foncé (et également les groupes Tikar et Cross-River en orange clair qu'elle distingue du groupe Bamiléké-Bamoun-Bamenda-Tiv-Ekoï...) ont des langues réparties au Cameroun mais aussi de l'autre côté de la frontière du Nigéria avec diverses enclaves. Les langues Bamiléké, Bamoun et Bamenda sont apparentées avec l'Ekoï et le Tiv côté nigérian ainsi qu'avec des enclaves en pays Haoussa près de Yola et Bauchi plus au Nord le long de la rivière Benue !

Langues et groupes linguistiques cameroun nigeria benin wikipedia

Carte extraite de Wikipedia : composée par Ulamm — Travail personnel, CC BY-SA 3.0 : https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2983617

Parmi les langues bamilékées, la plus proche du Bamena est vraisemblablement le Bafang dit Féfé ou Nufi parlé dans la ville voisine de Bafang et ses environs. Quoique située dans le département du Ndé, la langue Médùmba parlée à Bagangté semble relativement différente par rapport à celle de Baména, également dans le Ndé, et des villages voisins proches : en atteste les mots "mbépong" signifiant "bon" qui se prononce "mébwo" à Bagangté, "ouh dji-ah ?" signifiant "bonjour" qui se prononce "ou zi a" à Bagangté, et "méh lapseuh" signifiant "merci" qui se prononce "mé labte" à Bagangté.

Voici des sites d'apprentissage de la langue Bamena, valable aussi pour les villages voisins Bangou, Bazou, Balengou, Batchingou, etc ... qui parlent aussi cette langue quoique chacun appelle la langue par le nom de son village, mais c'est la même langue :

Site Menoh-Bamena : https://www.youtube.com/watch?v=bXR5AtB5T1k&list=PLQsqV0BBhfwYJUFqoTJ3EglRjIjLJXSLw&index=1

Site de AF Languages :  https://www.youtube.com/watch?v=6_Rvc-7wl2Q&list=PL_yTdI3fjfJGRwHKUwgh_jWewjE-JCt1g 

Site de Njoungang David :  https://www.youtube.com/watch?v=hR4fQ2xMOUM&list=OLAK5uy_nMecUxw1N5t1CqFqk6Y4OxmVJgR-bnTMk&index=1 

Ndop bandelette decorative horizontaleBamena congres international 2024  Congrès culturel international Bamena édition 2024

Nous avons eu le plaisir et l'honneur d'être accueillis à l'entrée de la Chefferie Supérieure de Bamena, et d'assister à plusieurs activités du Congrès International Bamena qui s'est déroulé la première semaine d'août 2024. Le Président Bamena de Belgique ainsi que Jojo, enfant de la chefferie, nous ont permis de visiter le grand portique principal, ainsi que le "Parlement" de la Chefferie, la salle du Conseil des Neuf - "Kepvueuh" qui sont en réalité beaucoup plus nombreux dans cette assemblée, et nous avons également assisté à un match de football entre deux équipes de la chefferie, match qui s'est déroulé sous le parrainage du Chef Supérieur.

Bamena congres 2024 pele mele

Voici un reportage à caractère musical sur l'édition d'août 2024 du grand Congrès International Bamena : Bamena congres international 2024  réalisé avec le chanteur Charly Mandengué.

 

 

Famille Dio-Lakesseu, Fandio et descendance

 

Ndop bandelette decorative horizontale

Une TRES GRANDE FAMILLE de BAMENA :

Genealogie dio lakesseu fandio

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici l'arbre généalogique de la famille Dio-Lakesseu, Fandio et la descendance. Toutes les suggestions pour le corriger, le préciser ou l'améliorer sont les bienvenues.

J'ai trouvé sur le site internet des Bamenas d'Europe une explication de la transmission des "Ndâps" (éloges) dans le système généalogique. Le nom personnel, le nom du père et le(s) Ndâp(s) combinés donnent le marqueur généalogique traçable de tout Bamiléké, où qu'il soit dans le pays où ailleurs, car ces marqueurs d'identité lui retracent le chemin vers son village natal, avec certitude...   Voilà le shéma de transmission des Ndâps : http://www.bamena.fr/us-et-coutumes-bamena.html

Ndaps transmission

 

 

 

 

Commentaires sur le site ABE association bamena d'Europe :
Les ndâps dans les milieux bamilékés remontent depuis les temps anciens, On nomme aussi le Ndâp Eloge. Ils ont un organigramme logique dû à l’arbre généalogique :
- Les ndâps garçons prennent leur source du côté de la mère, plus précisément le ndâp de leur grand-père maternel. Exemples de Ndâps garçons : Gnanchou, Tâagi, Tâfop, Tâkoua, Tâquouais...
- Les filles portent deux ndâps : 1er ndâp : le même que celui de la tante paternel (la soeur de leur papa); 2ème ndâp : il vient de leur grand-parent maternel (la sœur de leur grand-père maternel) Exemples de Ndâps fille : Mêrchas, Mertouk, Ngôsso; Ngouachais, Pâagais...
Le ndâp peut être :
1. Généalogique (en relation avec l'ascendance)
2. Contextuel (en rapport avec une circonstance de la vie, comme les jumeaux, ou en liaison avec un nom)
3. Géographique (traduisant l'appartenance à un quartier)
4. Corporatiste (en relation avec la fonction, la profession, ou la confrérie à laquelle on appartient)
5. Intégrateur (on le donne à un étranger pour marquer son acceptation dans la famille, dans le groupe)
6. Honorifique (distinction en rapport avec un acte posé)
Au départ, la forme généalogique est définie avant même la naissance de l'enfant. Le ou les Ndâps généalogiques de l'embryon sont immuables, et fixés par la filiation de son père et de sa mère. Ainsi, tous les garçons d'une même mère porteront le même Ndap dès leur naissance, tout comme les filles d'un même père.

Voici l'arbre généalogique, bien plus complet, refait par Pierre Njitchuang de la famille Nganwa et parentèle, de Baména :

Genealogie complete tingoung ndinang

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau d'ascendance Mekep ZAFENG :

On remarquera que le nom "Zafeng" relie la famille directement avec un des pères-fondateurs du village de Bamena au XVIII° siècle !

Genealogie ascendante mekep zafeng

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau d'ascendance et de descendance Nzotcha Fandio :

Il pourrait y avoir une très ancienne parenté avec le notable Nzo'oh, si on décompose Nzotcha en "Nzo'oh Tchah" ?

Genealogie ascend et descend nzotcha fandio

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici également deux explications utiles sur le site Bamena de Youtube : 

1. Explications en général de ce qu'est le Ndâp, causes, motifs, sources ... : https://www.youtube.com/watch?v=6oMXF_jubv8&list=PLQsqV0BBhfwZEJVq6cYIS7m3nut7wECho&index=6

2. Le fonctionnement de la transmission des Ndâps : https://www.youtube.com/watch?v=dq7ZCAWVzjg&list=PLQsqV0BBhfwZEJVq6cYIS7m3nut7wECho&index=5

Panorama batchingou

Généalogies Ma Kwanga, Ba-Dinan Tenfang et descendances

Ndop bandelette decorative horizontaleVoici les arbres généalogiques de deux familles d'alliance de la famille précédente : bien sûr il y en a beaucoup d'autres qui devront se rajouter dans la généalogie...

Famille Ma'ah Kwangwa :

Genealogie ma kwanga

 

 

 Ma ah kwangwa concession  Voici la concession Ma'ah Kwangwa

Voici le tableau recomposé plus complet :

Genealogie maternelle ma ah kwangwa

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ndop bandelette decorative horizontaleFamille Ba-Dinan Tenfang :

Genealogie ba dinan tenfang

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

et en plus complet :

Genealogie pater maternelle ting nana

 

Généalogies d'alliances dans le village voisin de Bangou et la ville de Dschang, également dans l'Ouest-Cameroun

 

Ndop bandelette decorative horizontale

Voilà une photo de la famille BDK de Baména prise à Blegny dans la maison de la famille LANGE-GRANDJEAN :

Nganwa blegny ndop

Termitiere a bamenaUN MONUMENT D'ARCHITECTURE ANIMALE !

Termitière en champignon à double plateau construite par les termites de Bamena

 

Décès de Papa Mathieu NGANWA, le 8 mars 2021 : il portait le titre de "Mekep"

Celebrationviepapamekepnganwamathieu

Monts batchingou

Lors d'une promenade, au loin... à partir de Louh,

on aperçoit dans les montagnes, le majestueux Mont Batchingou,

Face à l'infiniment grand, on voit l'infiniment petit,

Au pied de l'arbre, les peuple des termites bâtit.

 

 

 

Symbolique de pouvoir et de société Bamiléké

Ndop bandelette decorative horizontale

Les emblèmes du pouvoir et de la force politique et sociale dans les chefferies :

Ndop tunique boubou  Bamileke double gong  Bamileke peau de panthere ouvragee ancienne vendue par sothebys  Bamileke queue de cheval  Bamena chefferie entree centrale

Les symboles des instututions bamilékées sont le tissu NDOP, associé à la possession patrimoniale qui représente une sorte de titre non-écrit de propriété foncière (d'ailleurs certains Ndops anciens dont notamment à Foumban, représentent les plans du palais royal et de ses dépendances), le double-gong (appelé Kwen à Bafut), la peau de panthère (ici, c'est une peau ouvragée et perlée vendue en 2009 par la salle de vente Sotheby à Paris), la queue de cheval (appelée Sé Leng Koko à Batcham), et les défenses d'éléphant sculptées (ici : représentées sur le portail principal de la Chefferie supérieure de Bamena par l'artiste Prince Elie Ange)

Bamileke masque elephant heaume  Chapeau a plume bamileke  Araignee bronze bamoun

D'autres emblèmes existent également dans les cérémonies, notamment des emblèmes animaliers : pricipalement les masques-éléphants qui sont en fait des "cimiers" car ils se portent non pas devant le visage mais au-dessus du crâne pour le modèle ci-dessus. Il en existe d'autres en tissus perlés qui se portent sur la face toutefois. Il y a aussi les coiffes à plumes côniques utilisées rituellement dans les cérémonies funèbres, servant notammnet à la collecte des offrandes et des fonds pour la célébration du deuil et une sorte de "concours" à celle ou celui qui en recueillera le plus... Un autre symbole important est aussi l'araignée, qui symbolise l'intelligence, la stratégie, et la prédicition de l'avenir (araignées divinatoires : ici, un magnifique bronze bamoun)

Bamena chefferieOn peut également considérer les toitures côniques surplombant les portiques d'entrée des chefferies comme une certaine forme imposante de symbole architectural du pouvoir.

 

Les emblèmes de relations sociales et de paix chez les Bamilékés :

Bamileke arbre de la paix  Bamileke vin de raphia ou de palme  Bamileke jujube graines de la paix  Bamileke noix de cola

De gauche à droite : l'arbre de la paix (Fekeng ou Fekang, en Latin Dracaena Fragans), le vin de raphia ou vin de palme (extrait de la sève du palmier), la gousse contenant les graines de Jujubé et la noix rouge de kola.

 

La monnaie symbolique et traditionnelle ancienne chez les Bamilékés :

Une ancienne monnaie traditionnelle dans le système des valeurs était la houe.

Houe a bamena  Bamileke ou mambila monnaie houe  Bamileke monnaie houe funeraire Monnaie houe bamileke fer battu 

Ici à gauche, une houe agricole (et destiné uniquement à cet usage) dans le village de Bamena.

Au centre et à droite, quatre houes ayant servi de monnaies : au milieu, une petite houe bamiléké, tikar ou mambila, ensuite, une petite houe provenant des environs de Bamena, découpée dans une tôle, monnaie première à usage funéraire probable (on la posait sur le front du crâne comme pour "faroter" le défunt) et à droite deux petites houes bamiléké : ces objets étaient parfaitement non-fonctionnels et de petite taille, ayant probablement servi de médium d'échange dans un lointain passé prémonétaire jusqu'au XIX° siècle - début XX° siècle, et probablement aussi pour un usage funéraire, à savoir, permettre au défunt de s'acquitter de ses obligations supposées dans l'au-delà, de la même façon que les croisettes du Katanga accompagnaient les défunts du Katanga, de Zambie ou du Zimbabwé puisqu'on en a retrouvé d'innombrables dans les fouilles de tombes anciennes depuis le moyen-âge.

Bracelets manilles monetaires de birmingham bandelette

 

 

 

 

 

Les manilles ou bracelets en bronze ont aussi servi de monnaies depuis la découverte du cuivre et la fabrication du bronze en Afrique, jusqu'au milieu du XX° siècle au Nigéria et au Cameroun anglophone (Nord-Ouest, Sud-Ouest) . Ci dessus, un lot de "manilles de Birmingham" fabriquées (sauf les deux plus grosses au centre gauche) par des fonderies européennes destinées au commerce en Afrique centrale et de l'Ouest.

Cameroun couteaux de jet  Bamileke double gong petit format 1  Cauris monnaie coquillage 

D'autres monnaies coutumières anciennes existent, comme divers bracelets en bronze de production locale, de fers de lance décorés sans autre utilité réelle qu'esthétique ou monétaire,  lames de couteaux ou de sabres, couteaux de jets comme les trois exemplaires ci-avant, fondus au Cameroun par différents peuples, simples doubles et triples gongs de petite taille (ceux de grande taille étant destinés à servir à appeler les réunions ou annoncer des événements, restaient patrimoines des chefferies) ou, plus courant comme dans toute l'Afrique jusqu'au siècle passé et même dans le monde ancien en Asie et en Europe il y a trois millénaires, les petits coquillages blanchâtres et brillants appelés "cauris"... Jusqu'à l'arrivée du franc CFA avec la colonisation française, et son proverbe qui l'accompagne bien sûr, équivalent à ce qu'on dit chez nous : "Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières"

Cinq francs est la mère d'un million ! Cinq francs cfa (Proverbe bamiléké)

Ndop bandelette decorative horizontale

 

Un échantillon de ce qui est possible en matière d'héraldique africaine pour les Bamilékés :

Voici ci-dessous quelques logos et blasons de villes, de chefferies et d'insitutions de l'Ouest-Cameroun :

Bagangte armoiries  Dschang armoiries completes  Dschang logo araignee musee civilisations  Bamilekes de l aquitaine logo  Armoiries bamoun 1  Baham sceau de la chefferie

De gauche à droite, le blason de la ville et de la chefferie de Bagangté, chef-lieu du département du Ndé : on y reconnait bien les symboles exposés ci-dessus : double gong, panthères du Ndé, arbre de la paix sur fond de montagnes, et en bas, le tissu Ndop, la devise étant aux couleurs du drapeau du Cameroun et la coiffe à plumes traditionnelle surmontant le blason.

La ville de Dschang a elle, adopté les maisons traditionnelles (circulaires à toit de chaume) des chefferies bamilékées, dont on reconnait le double gong (inversé) sur la case du centre. Le rapace surmontant le blason est appelé "Oiseau de la Mémoire".

Le musée des civilisations a, lui, dans la logique d'un symbolisme global bamiléké, opté pour l'araignée stylisée rappelant aussi celle d'associations bamilékées (ici, l'association française en Aquitaine). La banque camerounaise Afriland utilise également un motif inspiré de l'araignée stylisée (voir la décoration du siège à Yaoundé près de la mairie).

Le Royaume des Bamouns utilise traditionnellement depuis plusieurs siècles comme armoiries : le double gong enlacé d'un serpent bicéphale, surmonté d'une araignée. C'est un cas d'héraldique ancienne purement africaine, un peu comme on voit dans l'ancien royaume du Bénin au Nigéria qui possédait aussi sa propre symbolique comparable à l'héraldique. Sur ce sabre bamoun, on reconnait comme motifs des croissants et des étoiles (motif musulman) et en pointe, le serpent à deux têtes et le double gong (voir détail de la pointe à gauche)  - la double pointe elle-même a la forme du serpent bicéphale des armoiries du Royaume Bamoun.

La chefferie de Baham a, elle, opté pour un sceau rond avec le lion et le double gong (inversé) qui lui aussi s'inspire d'avantage de l'allégorie que de l'héraldique classique.

Detail sabre bamoun  Sabre bamoun

Sabre bamoun décoré de motifs héraldiques et détail de la pointe à gauche

Et pourquoi pas la création de nouveaux éléments héraldiques puisés dans l'histoire culturelle des Bamilékés et des Bamouns, qui ont une ancienne et riche tradition ?

 Blason bamena project ecu Bamileke bouclier ancien en bois sculpte    Bamena projet armoiries avec devise ecriture bamoun 1

La grande famille élargie "BDK" ou carrément le village, pourrait créer et adopter une composition héraldique comparable aux deux idées ci-dessus, utilisant des motifs africains. Ici, en l'occurence, des caractères anciens de l'écriture Bamoun, voisine de la culture Bamiléké avec laquelle elle partage beaucoup de traits culturels ; ceci n'est qu'un exemple possible de ce qui peut être réalisé sur base de recherches historiques. Sur le blason de gauche la chèvre est soit d'un âge respectable, soit plus proche du bouc, symbolisant ainsi l'aspect patriarcal et la notion d'aînesse de la société traditionnelle mais ce concept plutôt conservateur est discutable.

Par contre sur le second dessin, on a la devise "Ngong Mènoh Ngong Nkou'gni" transposée en caractères bamouns, et en dessous "Lah Mènoh" pour que nos lecteurs se rendent compte de l'aspect graphique très original et particulièrement esthétique des caractères bamouns.

La forme de l'écu s'inspire en fait du bouclier bamiléké traditionnel ancien en bois ouvragé, tel que celui-ci qui a été vendu dans une vente publique il y a quelques années (photo Tim Hamill).

Les dessins ci-dessous expriment les possibilités importantes d'utilisation graphique du NDOP pour une bannière locale, un peu dans l'esprit des drapeaux communaux ou provinciaux tels que nous en avons dans pratiquement toutes les communes et provinces belges, alors qu'au Cameroun actuellement, seules une minorité de localités en disposent... voici quelques idées pour Baména :

Bamena projet de banniere pour bamena var2  Bamena projet drapeau ii  Bamena projet drapeau iii

Utilisation possible en héraldique des anciens caractères de l'écriture Bamoun :

« Si vous dessinez beaucoup de choses différentes et que vous les nommiez, je ferai un livre qui parlera sans qu’on l’entende »

Ibrahim Njoya

Le Roi Ibrahim Njoya, en développant la création d'une écriture unique et originale, a joué en Afrique un rôle un peu comparable à celui qu'à joué au V° siècle en Arménie et dans le Caucase l'ecclésiaste arménien Mesrop Machtots, inventeur de l'alphabet arménien. Cette oeuvre y fut pour beaucoup dans la pérénnité de la culture arménienne menacée de toutes parts durant l'histoire par leurs belligérants voisins turcs, perses et arabes. Njoya n'a pas pu mener son oeuvre aussi loin car l'écriture est surtout restée dans le cadre des écoles du royaume et du palais royal et n'est malheureusement pas devenue populaire au sens moderne du terme. La langue Bamoun actuelle (Shüpamom) utilise l'alphabet latin avec une série d'accents et de signes sur les lettres pour en préciser la prononciation.

L'écriture a évolué en 7 phases, la première est entièrement idéographique (comme les idéogrammes égyptiens et chinois), mais la dernière est essentiellement syllabique (comme le Grec "linéaire B" et le Coréen par exemple) et partiellement alphabétique, avec 80 signes en tout : 70 signes phonétiques, 10 signes à la fois numériques et phonétiques, deux accents et un système de ponctuation. Il est dommage que la 8ème phase nécessaire n'ait pu avoir lieu en raison de la lutte du colonisateur français contre cette écriture passablement considérée comme "subversive" car non-maîtrisée par les Français. Cette 8ème phase aurait permis de créer un double système d'écriture adapté aux langues Bamiléké, Tikar ou autres du Cameroun : un véritable alphabet très complet comme celui des Arméniens d'une part (avec 80 signes plus ceux de l'écriture Bagam, on peut y parvenir sans problème), et d'autre part un syllabaire complet, et non partiel comme actuellement, en jouant avec les ligatures pour créer de nouveaux signes syllabiques manquants dans les 80 signes.

Il est possible de se baser sur des versions antérieures à l'Akauku qui est chronologiquement la septième évolution (fin XIX° siècle - 1910). Celle en usage au XIX° siècle, la première, est particulièrement idéographique et esthétique, et conviendrait très bien pour constituer le répertoire des meubles d'une nouvelle forme d'héraldique bamiléké et bamoun. Je confirme par deux exemples, création personnelle, qui pourraient inspirer Bamena :

Bamoun echantillon ideogrammes mfon et nji ==> Blason bamena project ecuBamena projet drapeau iii

Ecriturebamounlunakindler 1 ====> Bamena projet armoiries avec devise ecriture bamoun 1 en vertical "Ngon Meno(h) - ngon kougni" et horizontal "Lah Meno(h)"

Voici ci-dessous quelques lignes de caractères idéographiques anciens de la toute première écriture au XIX° siècle (les deux signes utilisés dans les armoiries ci-dessus sont entourés de rouge)  et un récipient en bronze du musée de Foumban, qui porte une inscription avec les caractères utilisés au début du XX° siècle.

Tiktok logo

Ensuite, voici un échantillon manuscrit de la dernière version de l'écriture "Akauku". Cette appellation de l'alphabet provient des 4 premières lettres  Akauku  A - KA - U - KU - C'est une note bilingue Arabe / Bamoun probablement écrite par le Sultan Njoya ou l'un de ses notables de la cour. Il est frappant de constater que la première lettre des caractères bamouns, "A", est un logo connu mais... un siècle plus tôt que TikTok !

Recipient bamoun en bronze avec l ecriture shumom     Manuscrit bilingue arabe bamoun

Le caractère, au sommet de l'écu de forme traditionnelle Bamiléké-Bamoun, est un "Mfon" = roi, chef, et les 6 caractères inférieurs sont des "Nji" = nobles. Ces caractères sont issus des toutes premières versions de l'écriture idéographique créée à la fin du XIX°siècle par le roi Njoya (1860-1933) souverain du royaume Bamoun (département du Noun, actuellement), laquelle écriture a été simplifiée par la suite au début du XX°siècle dans sa version "Akauku" pour devenir phonétique mixte (alphabétique et syllabique).

Voici l'article de Wikipédia concernant le roi Njoya : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibrahim_Njoya

Voici l'article de Wikipédia concernant l'écriture bamoun appelée "Shümom" : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89criture_bamoun

  Ngouon en ecriture bamoun   Ngouon banniere    Ecriturebamounlunakindler 1   

Voici le mot "Ngouon" en écriture bamoun. Le Ngouon est un festival bisannuel qui est la grande réunion du royaume, dont l'écriture a fait récemment l'objet d'une étude graphique par Mme Luna Kindler qui a étudié les polices de caractères de cette étonnante écriture dont voici la liste des 80 signes (dont les dix derniers servent aussi de chiffres) et de la ponctuation (dernière ligne).

Voici le lien avec un site expliquant, à raison, que le Roi Ibrahim Njoya était à sa façon un grand réalisateur de bandes dessinées. Le site reprend énormément de documents anciens illustrés dans l'écriture Bamoun : http://www.tcj.com/ibrahim-njoya-a-comics-artist-in-colonial-era-cameroon/

Cette écriture recouvre même en peinture un des murs du Musée des Civilisations à Dschang (département de la Ménoua).

Dschang musee civilisations mur couvert d ecriture bamoun

Elle est présente aussi sur un livre tenu par un dignitaire bamoun représenté par un grand et superbe bronze à l'hôtel Tajidor à Bangou, ci-dessous

Statue bamoun tajidor

Une initiative a été initiée par le palais royal et les institutions internationales pour sauver les manuscrits anciens de la destruction et de l'oubli : https://eap.bl.uk/project/EAP051

Une "Pierre de Rosette" en bois sculpté :

Bamoun pierre de rosette en bois trilingue

Voici un exemple de trilingue Bamoun - Arabe - Français : plaque inaugurale d'un lieu de culte (église ou mosquée ?) au pays Bamoun inaugurée par le Roi Njoya le 23 mars. L'année n'est pas spécifiée.

Une seconde écriture ancienne existait dans l'Ouest-Cameroun avant la colonisation : le BAGAM

Bagam sceau chefferie     Comparaison des chiffres Bagam et Bamoun  Bagam bamoun numerotation

Hormis les Bamouns, seul un autre peuple bamiléké avait également créé sa propre écriture à l'époque précoloniale, il s'agit d'une chefferie dont le chef et les notables étaient proches de ceux de Foumban : il s'agit du village de Bagham, peuple des Egham de langue Mengaka. Ce fait est peu connu des historiens de l'Afrique et d'ailleurs, cette écriture a été étudiée par le linguiste américain Konrad Tuchscherer, mais une partie du sens des caractères a été perdu au début du XX° siècle et, contrairement aux Bamouns, ils ne les utilisent plus.

La preuve, le sceau de la chefferie de Bagam ci-dessus est entièrement rédigé en Mengaka mais en caratères latins, et on reconnait le double gong à droite et à gauche de l'inscription.

Une écriture ancienne, également à Bamena ?

Chef bamena trone ideogrammes tissu

En voyant la photo ci-dessus, tirée de la vidéo du Chef supérieur Bamena, et de son trône sur lequel sont sculptées des têtes de chèvre, on perçoit sur le tissu du siège des idéogrammes. Il faudrait en savoir d'avantage sur ces idéogrammes et leur signification : s'agit-il du tissu d'origine du trône auquel cas on aurait une forme d'écriture idéographique locale méconnue ?

Panorama batchingou

Commentaires

  • Radenen Loic

    1 Radenen Loic Le 26/03/2022

    Très beau site , intéressant et plein de renseignements .
    Merci pour ce beau travail
    Loic

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