Monnaies des pays chrétiens du Caucase : Géorgie, Arménie, Artsakh

Ci-dessus : Pièce de 100 drams de la République d'Arménie 1997 - en l'honneur du World Wildlife Found dédiée à la loutre. Sur cette pièce figurent les armoiries de la République d'Arménie du Caucase ci-dessous, représentant les 4 blasons des dynasties royales arméniennes successives (Bagratide, Arsacide, Artaxiade et Roupénide), avec en abîme le double Mont Ararat surmonté de l'Arche de Noé, et comme supports l'aigle et le lion arméniens qui représentent respectivement la force, la liberté et la fierté nationale (aigle) et l'ancien royaume de Cilicie (lion) avec l'épée, une chaine brisée et des épis.

Ci-dessous : Billet de banque de 2 drams de 2004 de la République d'Artsakh, qui a proclamé son indépendance face à l'Azerbaïdjan en 1991, et billet de banque de 10 drams de la République d'Arménie datant de 1993.

Sur le billet de 2 drams de l'Artsakh (Haut Karabagh) tout comme sur cette monnaie de 5 drams de 2004 ci-dessous, on a les armoiries de la république indépendantiste que a survécu une trentaine d'année de 1993 jusqu'en 2023, date de l'annexion azérie et le nettoyage ethnique qui s'ensuivit. Les armoiries reprennent en outre les couleurs du drapeau arménien que l'Artsakh avait adopté en le chargeant d'un chevron crénelé blanc symbolisant la séparation d'avec la mère-patrie voulue par le droit soviétique puis international qui l'ont rattachée à l'Azerbaidjan sans jamais aucune consultation populaire entre 1920 et actuellement.

Sur le billet arménien figure aussi l'emblême arménien du double carré qui est le symbole arménien de la "perfection" : le carré sur sa base représente la Terre, et le carré sur pointe représente le Ciel. Ensemble en tendant un fil d'une pointe à l'autre, on obtient un octogone, plan de base architectural des églises arméniennes.

Ce symbole est également présent sur les armoiries de la république en exil d'Arménie Occidentale, accompagné de l'Arevakhach - en Arménien Արևախաչ - symbolisant l'éternité, étrange paradoxe pour un Etat sans territoire qui est plutôt une association internationale parmi la diaspora, dont la revendication de peuple autochtone concerne l'actuelle Turquie suite au génocide de 1915 non-reconnu par cette dernière, posé sur une croix dans l'écu sur fond bleu, le tout posé sur une aigle bicéphale dans la tradition hittite et byzantine.

S'il est assez compliqué de comprendre l'histoire dramatique et tumultueuse de la nation arménienne, les cartes ci-dessous peuvent aider à comprendre. Sur la première, on distingue l'extension du domaine arménien sous le grand roi Tigrane II le Grand (95-55 av JC) et la distribution actuelle de l'espace arménien qui s'est brutalement réduit en 1915 lorsque l'empire ottoman s'est débarrassé de sa population arménienne, faisant pratiquement disparaître la langue arménienne occidentale de Turquie, cette langue ne subsistant que dans l'immense diaspora mondiale, dès lors que subsistait sur place l'Arménien oriental en république soviétique d'Arménie puis en République d'Arménie du Caucase et au Haut Karabagh (Artsakh) jusqu'en 2020-2023 (réduction de son territoire, puis expulsion totale par l'Azerbaïdjan).

Quant-à l'aigle bicéphale, le premier connu date du IIème millénaire avant JC en pays hittite, à Alacahöyük en Turquie actuelle, dans la région d'Ankara pas loin des ruines de Hattusa. Il est sculpté en bas de la porte des Sphynx et a directement inspiré la symbolique de l'Etat byzantin (fontaine ci-dessous) et des principautés turques, kurdes et musulmanes du moyen-âge (ci-dessous : monnaie d'un dinar de bronze de l'Atabeg Iman Zanji II de Sinjar 1179-1197)