
Voici la forteresse mégalithique d'Eğil : le site est candidat au classement parmi le Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO, proposition émanant des autorités locales d'Eğil. La tente bleue à droite de l'image protège l'emplacement à partir duquel descend le tunnel accédant à la partie inférieure au bord du lac sur le Tigre, escalier creusé dans la roche dont une partie est visible depuis la falaise lorsqu'on est en bateau sur le lac. Source de l'information y compris la photo = Dailysabah : https://www.dailysabah.com/life/history/ancient-assyrian-castle-home-of-prophets-on-way-to-unesco-list

Voici ci-dessous une vue depuis le lac du barrage sur le Tigre des ruines mégalithiques des tombeaux des anciens rois assyriens ou arméniens de cette ancienne capitale du royaume de Sophène, et une vue en gros plan sur le bas-relief du guerrier assyrien gravé dans la falaise au sommet de laquelle se situait l'antique forteresse de la cité (photo plus bas).

En langue hittite, le lieu s'appelait Ingalawa, cela s'écrivait ainsi en Cunéiforme hittite : 
Ce nom de lieu Ingalawa est cité dans "bronze-age-towns" dont je reprends intégralement le texte : "Ingalawa est une ville mentionnée dans les annales de Mursili II. Il s’agit d’un lieu de rassemblement de ses troupes et chars pour aller combattre le pays d’Azzi en début de printemps alors que le Grand Roi avait hiberné à Ankuwa (actuelle Ankara capitale de la Turquie). Ce devait donc être une cité située entre le Hatti et Azzi. Or, durant la période gréco-romaine Ingila était le nom de l’actuelle Egil en Turquie, au nord de Diyarbakir. Le rapprochement est à la fois phonétique et géographique. Le monument le plus ancien d’Egil est un château qui est réputé avoir été construit par les assyriens au début de l’âge du fer"

En Arménien, le nom du lieu s'écrivait Անգեղտուն se prononçant "Angelhtoun" (maison des Anges) mais en convention d'écriture on écrit souvent "Angeghtoun" ou "Angeghtun" : Անգեղտուն désignait tout le district administratif d'Eğil, mais la forteresse elle-même avec les tombes mégalithiques était désignée par le nom Անգղ se lisant "Anglh", terme arménien identique au mot "vautour".

En Kurde, le terme désignant le lieu est Egil (sans accent sur le G) mais on a aussi un autre nom kurde pour le district : Gêl .

Le peuplement actuel de la région d'Eğil et de la Sophène est majoritairement kurde, avec deux langues kurdes différentes : le Kurmandji (principale langue Kurde parlée en Turquie et en Syrie), et le Zazakî (aussi appelé Kurmandkî, Kirdî ou Dimilkî) langue locale parlée dans cette région couvrant l'ancienne Sophène. L'Arménien n'est plus parlé actuellement, alors que beaucoup de descendants d'Arméniens islamisés devenus kurdophones pour échapper au génocide de 1915, habitent encore la région d'Egil, ce qui est attesté par le site kurde Diyarbakirhafizasi : https://diyarbakirhafizasi.org/en/egil-from-below-and-above-the-waters/

Il y a à Egil la gravure en bas-relief d'un souverain assyrien sur une paroi du socle de la forteresse.
Voici ci-dessous la carte d'Arménie antique sur laquelle on voit le royaume de Sophène (royaume de TZOPK), une des quatre marches ou zones de protection des frontières de l'Empire Arménien et du Royaume d'Arménie Majeure (ou Grande Arménie) de Tigrane II le Grand, ainsi que ci-dessus, une monnaie du gouverneur ou souverain Arkhatias II (93-89 avant JC) portant une contremarque MIΘ (Mith... en Grec) du roi Mithrobarzane II assassiné en 69 avant JC. Le nom de ce dernier laisse penser à une présence mède et/ou kurde, car il rappelle le nom des Barzani bien connu chez les Kurdes et notamment la famille actuelle gouvernant le Kurdistan autonome irakien ou K.R.G.
Voici une autre carte arménienne de la Sophène et de la Taronide (région des monts Taurus) où l'on voit bien la position géographique d'Eğil par rapport à Diyarbakır (Amed) capitale des Kurdes de Turquie, et l'étendue du district d'Angeghtoun entouré d'un liseré jaune :

Voici enfin une carte arménienne représentant les différentes expansions et replis du territoire de la Sophène par rapport aux royaumes voisins durant l'antiquité : il n'est pas facile de cerner l'histoire très ancienne de la Sophène dans l'antiquité : voici un essai sur un site kurde écrit en Turc que j'ai essayé de traduire comme je pouvais, d'abord avec google traduction puis, vu les incohérences, en essayant de rendre le sens réel de certains paragraphes dénaturés par la traduction (1) mettant en évidence la présence kurde dans, ou au pourtour de cet ancien royaume :
Sophene histoire vue par les kurdes (282.5 Ko)

(1) J'espère que les auteurs de l'article kurde écrit en Turc ne nous en tiendront pas rigueur car cela n'a pas été facile à traduire !
Le premier emblème connu de l'ancien royaume arménien de Sophène représente, soit deux bonnets de dioscures, soit le double mont Ararat, surmonté(s) de deux étoiles, soit, comme semble le suggérer l'article kurde ci-dessus, deux "montagnes de la douleur" surmontée de deux étoiles. Les trois interprétations sont vraisemblables ou discutables, mais il n'est pas possible de trancher entre elles.

Il s'agit du plus ancien symbole connu sur les premières monnaies du Royaume de Sophène qui représentent les plus anciennes monnaies d'un Etat arménien connu, datant du règne d'Arsamès I entre 240 et 228 avant JC. On peut y lire le nom du roi en lettres grecques sur le revers de la monnaie ci-dessous :

En outre, un autre symbole de la Sophène qui se retrouve sur plusieurs monnaies est l'aigle contourné (ou le vautour) regardant à sénestre (à droite pour l'observateur) : voici une monnaie du roi Arsamès I portant l'aigle contourné au revers (ci-dessus).

Voilà à quoi aurait pu ressembler les armoiries du Royaume de Sophène s'il avait survécu à l'Empire Romain ! L'écu en forme de bouclier rond est surmonté d'un vautour héraldique regardant vers senestre (droite pour l'observateur) tenant de l'aile sénestre une arevakhatch (1) tout comme celui de Göbekli-Tepe sur le pilier T 43 représentant la constellation du Vautour (Cygne). On retrouve le motif avec deux monts (ou deux bonnets de dioscures) et deux étoiles (à huit rais, ou à six rais) dans le blason de la famille DE ANGELIS dans un village d'Italie méridionale en Calabre, probablement apporté par les membres de la famille Angeghtoun/Angelos au moyen-âge ou ayant fui l'empire byzantin lors de la prise de Constantinople par les Turcs ?
(1) Արևախաչ = AREVAKHATCH : symbole arménien de l'éternité qu'on peut traduire par "soleil-croix" mais également "tournesol"